Des difficultés après l’accouchement … un traumatisme périnatal ?

Introduction

La période périnatale peut être traumatisante pour toutes sortes de raisons. Être en difficultés après l’accouchement ne semble pas acceptable. La recherche montre que les personnes touchées n’en parlent souvent pas à leurs proches ou aux professionnels, par honte. Elles se sentent seules. Ce vécu peut avoir des conséquences à long terme sur la santé de la mère, sur la relation entre la mère et l’enfant, sur le couple et sur le développement de l’enfant.

Devenir mère ou père est parfois une épreuve douloureuse. Un événement déstabilisant ou un vécu inattendu et incompréhensible qui transforment alors la maternité en une expérience psychologiquement traumatisante. Cela peut arriver pendant la grossesse, lors de l’accouchement ou durant la première année après la naissance. Cette réalité n’est pas exceptionnelle. Elle reste pourtant méconnue et sous-estimée. Il arrive qu’on veut être bonne maman ou bon papa est tout va de travers.

Que se passe-t-il selon les experts ?

Les soucis avant

Tout parent peut vivre des moments difficiles: le dépistage d’une anomalie suivi d’une interruption de grossesse, une hospitalisation prolongée de la mère et/ou de l’enfant, un bébé mort-né, une naissance prématurée, un accouchement par césarienne en urgence ou encore la naissance d’un bébé handicapé. Il arrive aussi que des parents vivent la grossesse et/ou l’accouchement comme traumatisants, même si ceux-ci ne présentent pas de complications ou de risques particuliers du point vue médical. Leurs sentiments, leurs émotions sont à prendre au sérieux. C’est le vécu qui compte, l’expérience subjective qui fait la différence après ces difficultés après l’accouchement.

Pour de nombreux couples, la grossesse est un moment très heureux et la naissance de l’enfant est attendue avec impatience. Toutefois, il se peut que la femme souffre d’anxiété prénatale, de dépression. Une anxiété importante peut augmenter le risque de complication à l’accouchement (nécessité d’une césarienne en urgence notamment). Le choc peut être également intense pour les fausses-couches ou une mort in utero. Aujourd’hui les professionnels savent qu’un quart des mères concernées développent un syndrome de stress post-traumatique avec un risque élevé de souffrir de dépression.

Les soucis pendant

Lors de l’accouchement, de nombreux parents se souviennent de la naissance de leur bébé comme d’un moment extraordinaire. Mais il existe aussi des mères et des pères qui vivent ces évènements comme traumatisants, ce qui provoque parfois des angoisses profondes, des cauchemars, des sensations de revivre la scène… Les souffrances psychologiques peuvent aussi être accompagnées d’une dépression post-partum.

Les soucis après

Après l’accouchement il est fréquent que les mères rencontrent des troubles de l’humeur passagers quelques jours après l’accouchement. Ils sont liés au changement hormonal, mais ne se prolongent généralement pas au-delà de 3 à 4 semaines (on parle de baby blues). Mais il arrive aussi que l’un ou les deux parents peinent à se remettre d’un vécu douloureux. Ils ont des pensées noires, des insomnies, des cauchemars récurrents… , sont confrontés à des images qu’ils repassent en boucle. Parfois ils se sentent seuls et incompris et ont un sentiment de solitude, de peur intense, d’impuissance. Ils évitent tout ce qui peut rappeler l’événement douloureux.

Ces parents éprouvent souvent des difficultés à s’occuper de leur enfant. Ils culpabilisent de ne pas être heureux. Ils se reprochent de ne pas vivre l’arrivée de leur bébé comme les autres. Leurs difficultés peuvent avoir des effets à long terme sur le développement émotionnel, cognitif et social de l’enfant.

Que vivez-vous ?

Parents en devenir, jeunes parents, parents déjà plus expérimentés, faut-il ressentir de la honte si vous vivez de telles difficultés ? Est-ce difficile d’en parler ? Est-ce la pression sociale qui rend la recherche d’une aide difficile ?

Témoignage d’une maman en difficultés après l’accouchement

Situation de départ

J’ai toujours rêvé d’être maman. Comme d’autres rêvent de devenir médecin ou astronaute. Je me voyais avec une ribambelle d’enfants autour de moi et je pensais que j’étais faite pour cela. Mais voilà les choses ne se sont pas passées comme prévu.

Quand je suis tombée enceinte de manière imprévue, j’étais vraiment heureuse. Mais vers huit mois, le bébé se présentait toujours en siège et la gynécologue a décidé de prévoir une césarienne bien avant terme afin que le bébé ne s’engage pas dans un accouchement par voie basse. Le jour J, le pédiatre présent pour mon bébé était pressé et quand l’enfant a été extrait de mon ventre, il l’a saisi, me l’a présenté en vitesse et est parti faire les premiers examens. Il n’y a donc eu aucun contact mère-enfant et j’étais persuadée qu’il y avait un gros problème à cacher. Puis, mon bébé a été mis 4 heures en couveuse avant qu’enfin je puisse le toucher. Les difficultés après l’accouchement n’ont fait que commencer.

Prise de conscience aujourd’hui

Mon fils a certainement gardé des séquelles de cet accouchement. Il a vécu cela comme un abandon, et il en a gardé un mal être permanent. Et par la suite, il refusait tout contact physique avec moi.

De mon côté, moi, qui rêvais d’être mère depuis des années, je n’ai pas développé mon instinct maternel vis-à-vis de cet enfant. Je ne ressentais pas cet amour que « l’on devrait » naturellement ressentir. J’étais complètement dépassée face à ce bébé qui pleurait énormément. Et que je n’ai jamais réussi à  le calmer dans mes bras, complètement angoissée parce qu’il régurgitait au moins la moitié de ces repas. Mais je ne ressentais pas d’amour.

Je n’en ai jamais parlé, car j’avais honte de moi et de mon incapacité à entrer en relation avec mon bébé, je culpabilisais et me voyais comme la plus mauvaise mère du monde n’ayant aucune idée que ce phénomène existe plus souvent qu’on ne le pense. Je faisais des efforts pour prendre ce bébé dans mes bras et me regardais dans le miroir en me disant : « tu vois, tu y arrives, ce n’est pas si difficile que cela ». Et j’essayais de donner le change. Voilà, ce fut une période extrêmement difficile pour tout le monde et qui a laissé de traces chez mon fils et chez moi.

C’est seulement des années plus tard que j’ai pu en parler ouvertement et que mon fils et moi avons pu faire un travail sur nous.

Mon constat de coach

Ce que je constate dans mes accompagnements, c’est que nous avons tous peur du jugement d’autrui. De ce fait, la communication et l’entre-aide en famille devient difficile. Nous cherchons finalement tous à nous protéger. Des peurs (voire des traumatismes) sont parfois nourries depuis notre propre enfance par des blessures originelles de l’enfant intérieur ou des croyances limitantes. Nous avons tous besoin de reconnaissance pour ce que nous sommes et ce que nous faisons ! Tous, nous avons besoin de pouvoir nous avouer nos peurs et nos inquiétudes, pour vivre un espace familial plus heureux, surtout avec nos enfants.

Aujourd’hui après un long travail approfondi sur moi (qui dure déjà depuis quelques années et je n’en ai pas encore terminé), j’ai choisi de vous accompagner. Il est possible comme adulte de faire évoluer le « grand enfant » au fond de nous et de trouver plus d’assise et de confiance en soi-même pour effectuer ce métier difficile de parents. Ce « petit miracle » peut avoir lieu en s’occupant de cet enfant intérieur de l’époque qui n’a qu’une envie : évoluer, s’exprimer, se faire entendre, se faire comprendre, se faire respecter et finalement de s’épanouir.

Que faire pour prendre en charge les difficultés après l’accouchement?

Savez-vous que l’enfant de 0 à 4 ans (ou plus) est LE détecteur de l’essentiel de ce qui se passe dans une famille ? Avez-vous déjà pensé que votre enfant est LE « baromètre de la météo » du couple voire de la famille ? Vous avez l’impression qu’il ressent tout ce que vous ressentez ? Qu’il ne vous observe pas seulement avec ses magnifiques yeux et ses oreilles perspicaces, mais aussi avec son cœur et que l’impact de votre propre humeur n’est pas sans conséquence sur lui ?

Sans exagérer, vous apercevez-vous que les enfants fonctionnent comme des vases communicants au niveau des émotions et des ressentis de chacun des membres de la famille ? Donc, cela vaut la peine de prendre conscience de son « propre enfant » et de ses propres blessures (voire traumatismes). Et la question s’impose aussi, comment écouter MON enfant intérieur ? Des psychologues parlent même de guérir son « grand enfant » intérieur. Ils disent « qu’il n’est jamais trop tard de vivre une enfance heureuse » pour SOI, l’adulte que nous sommes.